Numérisation. Web-musées ou Musées-web?

Internet est une ouverture sur le monde. Il permet de découvrir les merveilles et lieux culturels de nombreux pays du monde directement de son ordinateur. L’arrivée du Web 2.0 et la vague du numérique ont forcé les musées à s’adapter à de nouvelles règles de médiation culturelle.

Face à ce phénomène plusieurs questions se posent: la médiation doit elle nécessairement utiliser le web? Les visites numériques des musées peuvent elles remplacer la sensation d’être en face des œuvres ?

Le 29 janvier Europeana 1914-1918 a vu le jour, à la fois une bibliothèque multimédia, un musée et une base de données d’archives sur Internet, le nouveau site internet regroupe plus de 400.000 documents numérisés collectés auprès de 20 pays européens.

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Joseph et Richard Wood, vers 1840.
L’Université de Ediburgh participant au projet MIMO sur Europeana.

L’idée est de réunir les richesses du patrimoine culturel des pays de l’Union Européenne et de les mettre à disposition de tout le monde grâce au web 2.0. L’initiative est née à la Commission Européenne en 2008 et depuis Europeana donne un accès direct à plus de 14 millions de documents numérisés provenant de musées, de bibliothèques, d’archives audiovisuelles et autres ressources culturelles.

Plus de 1500 organisations culturelles des 27 pays de l’UE ont fourni des documents à Europeana. Les visiteurs du site peuvent ainsi consulter en haute définition des peintures célèbres ou même des extraits de livres connus. Il leur suffit d’allumer leur ordinateur.

Numérisation et visites 3D

Le projet Google Cultural Institute propose de découvrir l’art de 40 pays du monde directement en ligne. L’organisation travaille avec des musées, des archives publiques et des institutions culturelles pour numériser leurs collections en ligne afin qu’elle puissent être explorées par un vaste public. Ce site permet même de visiter l’intérieur de certains musées en utilisant l’outil Pegman, le bonhomme jaune qu’on retrouve sur Google Maps.

On a l’impression de se promener en vrai dans une galerie. Des artistes eux-mêmes peuvent mettre leurs travaux et expositions sur le site. Pourtant, l’initiative du Google Cultural Institute a provoqué beaucoup de débats sur la numérisation de l’art, les droits d’auteur et le risque de diminuer le nombre de visiteurs dans les musées.

Une vitrine

Europeana et Google Cultural Institute auraient un rôle de “vitrine” pour les musées, ils proposent toujours les liens vers les sites des musées d’origine. Ces sites regroupent plusieurs expositions et œuvres pour faciliter la vie des internautes pour qui il n’est pas naturel de visiter les sites des musées eux-mêmes. Ils rendent le travail plus facile et plus efficace pour ceux qui ont besoin de découvrir, voir et analyser des travaux d’art de chez eux, comme les étudiants. Ces sites donnent aussi la possibilité de visiter le musée différemment pour ceux qui ne peuvent pas se rendre au musée pour des raisons financières ou d’horaires du travail.

« Les musées ont beaucoup d’endroit cachés, caves ou greniers dans lesquels ils gardent des œuvres fragiles, qui ont besoin d’être conservées à des températures spéciales et qui doivent être très bien protégées. Les visiteurs réels n’ont pas la possibilité les voir, dans ce cas l’utilisation  l’outil de visite en trois dimensions sur Internet peut enfin ouvrir des portes virtuelles aux visiteurs » nous explique François-Victor Brunet, gérant de la galerie d’art actuel La Corbata Rosa à Angers. Sa galerie utilise cette nouvelle méthode et propose des visites virtuelles sur son site internet, les gens peuvent y échanger très facilement avec les artistes et découvrir leurs travaux.

“Nécessité de se rendre au musée”

''Rouge'' Giedrius Grigonis

 »Rouge »
Giedrius Grigonis

On entend souvent dire que le Web 2.0 supprimera à terme la nécessité de se rendre au musée pour découvrir les expositions car tout le monde y aura accès via Internet mais ce risque semble exagéré. Europeana et Google Cultural Institute permettent de découvrir les collections comme on lit des livres d’art, mais ils ne peuvent pas remplacer le bonheur de voir l’œuvre en vrai,  de pouvoir la sentir et l’explorer avec tous les sens humains. « Bien sur qu’il faut aussi présenter les œuvres en réel et que les gens aillent les voir dans les musées ou les galeries pour avoir le rapport à la matière, connaître mieux les détails de l’œuvre » – admet François-Victor Brunet. Les sites sont juste là pour donner l’envie d’aller voir l’exposition dans le musée, pour faire un repérage des musées intéressants et permettent de choisir ceux où on veut vraiment aller.

Une plus grande visibilité des musées

L’art qu’on trouve sur les sites spécialisés permet aux gens de s’enrichir, d’apprendre et de découvrir les objets culturels très simplement. Europeana et Google Cultural Institute rassemblent des milliers d’œuvres et offrent la possibilité de les découvrir dans le monde entier. Ces musées gagnent ainsi une plus grande visibilité, une publicité originale et de nouveaux visiteurs qui viennent motivés par l’envie de voir l’œuvre réelle, envie née en visitant des sites comme Europeana et Google Cultural Institute. Ils sont pour moi un bon moyen de communiquer l’art.

Odeta Vilkisiute